KAZoART se penche aujourd’hui sur les rapports entre Art et diplomatie. Le prêt d’œuvres d’art issues des collections nationales à des pays étrangers s’est développé à partir du XXe siècle, dans le but de favoriser les échanges culturels, mais aussi d’instaurer ou renforcer de bonnes relations diplomatiques. Et cela n’a pas toujours été sans difficultés ! Focus sur les plus grandes œuvres d’art ambassadrices de la France.
Le cas de la « Joconde »
La « Joconde » de Léonard de Vinci est sans doute l’exemple le plus marquant des rapports en art et diplomatie. Elle est un des tableaux français qui a le plus voyagé à l’étranger pour des prêts, dans le cadre d’expositions temporaires. Rien d’étonnant à cela pour celui qui est aujourd’hui encore le tableau le plus connu au monde, et fleuron du Louvre.

Après son vol en 1911, la Joconde a été prêtée à l’Italie en 1913 en guise de remerciement, puisque le célèbre tableau avait été retrouvé par la police italienne. En 1963, elle est envoyée aux États-Unis par le ministre de la culture André Malraux dans le but d’améliorer les relations diplomatiques entre les deux pays. Rappelons que les relations France – États-Unis ont été dès le début marquées par des cadeaux diplomatiques sous forme d’œuvres, à l’image de la Statue de la Liberté, offerte à la fin du XIXe siècle en gage d’amitié franco-américaine. La Joconde est ainsi réceptionnée en grande pompe par le président Kennedy, puis exposée à Washington et au MoMA de New-York. Son dernier voyage se fait au Japon en 1974.
Depuis 1974, la Joconde n’a plus quitté le Louvre. Mais en 2018, la question d’un nouveau voyage vers d’autres musées est posée par l’actuelle Ministre de la culture. La Joconde, cependant, est un tableau très fragile, dont les déplacements doivent être limités… Affaire à suivre !
« La liberté guidant le peuple » à l’étranger
Autre tableau emblématique du Louvre et de la culture française, la « Liberté guidant le peuple » de Delacroix, a été un des grands ambassadeurs de la France à l’étranger. Depuis 1958, néanmoins, il est soumis à une recommandation d’interdiction de prêt. Cela ne l’a pas empêché d’être envoyé à Detroit et à New York en 1974. Puis, en 1999, le chef d’œuvre de Delacroix est expédié à Tokyo par avion spécial, sur décision de Jacques Chirac, désireux de marquer dignement l’Année France-Japon.

En 2013, une vaste polémique agite la France : le Ministère des affaires étrangères souhaite célébrer dignement le cinquantenaire de la reconnaissance de la République populaire de Chine par le général de Gaulle en 1964, en prêtant à la Chine l’œuvre pour une grande exposition. Cependant, la toile étant revenue abimée de son voyage au Japon en 1999, et les conservateurs du Louvre s’étant opposés au prêt, ce dernier a finalement été annulé pour le bien de l’œuvre…
Le partenariat avec le musée du Louvre Abu Dhabi

Cette tradition diplomatique d’afficher un rapprochement par de grandes expositions est relancée avec le projet puis l’ouverture du musée du Louvre Abu Dhabi aux Émirats Arabes-Unis. Le musée inauguré en novembre 2017 en présence du Président français, profite de prêts exceptionnels de 300 œuvres venues tout droit des collections françaises, notamment du Musée du Louvre, du Musée d’Orsay, ou encore du Centre Pompidou. Ainsi, des œuvres emblématiques de Picasso, de Van Gogh ou encore « La belle Ferronnière » de Léonard de Vinci sont présentées dans les salles du nouveau musée. Ce musée, imaginé par l’architecte français Jean Nouvel, est un des plus grands exemples de diplomatie culturelle mené par la France.
La tapisserie de Bayeux

Le dernier exemple en date de grand prêt diplomatique célèbrera l’amitié franco-britannique. En janvier 2018, le président Macron décide d’envoyer la Tapisserie de Bayeux en mission diplomatique en Angleterre en 2022. Ce n’est pas la première fois que le pays sollicite un prêt pour cette œuvre du XIe siècle, rejeté à chaque fois. Dans un contexte tendu entre l’Angleterre et l’Union Européenne, ce prêt symbolise la force des relations entre les deux pays.
Cette broderie unique de 68 mètres de long a été fabriquée dans un monastère anglais, pour célébrer la conquête de l’Angleterre par Guillaume le Conquérant. Cette décision de prêt a suscité un grand débat chez les connaisseurs, puisque l’œuvre, en tissu, est extrêmement fragile, mais a été particulièrement saluée outre-Manche…
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