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L’œuvre à la Loupe : La liberté guidant le peuple de Delacroix

Coup de projecteur sur un chef-d’œuvre incontournable de l'art du 19e siècle, La Liberté guidant le peuple d'Eugène Delacroix. Peint par le maître incontesté du Romantisme français en 1830, il trône aujourd'hui en bonne place parmi les chefs d’œuvre du Louvre. Rise Art vous propose tout de suite une analyse en détail de cette toile à l'esprit révolutionnaire...

Par Cécile Martet | 09 août 2023

Un tableau révolutionnaire

Eugène Delacroix réalise ce grand tableau entre octobre et décembre 1830. La scène représentée prend place lors des Trois Glorieuses, durant la Révolution de Juillet, les 27, 28 et 29 Juillet 1830. Contrairement à ce que l'on peut penser de prime abord, il ne s'agit donc pas d'une scène mettant en exergue la Révolution française de 1789, mais bien la Seconde révolution.

L’œuvre à la Loupe : La liberté guidant le peuple de Delacroix
Eugène Delacroix, La liberté guidant le peuple (1830)

Celle-ci intervient durant la Restauration, lorsque le roi Charles X tente de restreindre les libertés par ordonnances. Le peuple parisien se soulève alors, pendant trois jours d'émeutes qui entreront dans l'histoire. Charles X abdique et est alors mise en place la Monarchie de Juillet, une monarchie constitutionnelle avec Louis-Philippe Ier comme roi.

Delacroix, qui n'a pas pris part aux affrontements mais se sent profondément progressiste, décide de rendre hommage à la rébellion du peuple, de façon à la fois réaliste et allégorique. Le peuple et la Liberté marchent ensemble sur Paris, franchissant une barricade.

L’œuvre est d'ailleurs exposée au Salon de Paris de 1831 sous le titre "Scènes de barricades", puis achetée par Louis-Philippe et exposée au Musée du Luxembourg. Elle entre au Musée du Louvre en 1874, après la mort de son auteur. Cette toile est aujourd'hui devenue un des symboles de la République française et de la liberté.

La Liberté guidant le peuple : 4 détails à la loupe

1. La liberté personnifiée

La Liberté est sans conteste le centre du tableau. Elle est incarnée par une femme du peuple, portant le fameux bonnet phrygien adopté par les révolutionnaires depuis 1789, et incarnant le peuple. Dans la main droite, elle tient le drapeau bleu-blanc-rouge (couleurs de Paris et de la royauté), aux couleurs lumineuses, symbole des droits acquis et point culminant du tableau.

L’œuvre à la Loupe : La liberté guidant le peuple de Delacroix
Eugène Delacroix, La liberté guidant le peuple (1830) - détail

Elle est vêtue d'une robe jaune, dont la manche droite est tombée dans l'action et révèle ainsi sa poitrine, ce qui lui donne tout son côté allégorique et antique, le drapé à la grecque renforçant ce sentiment. Sa position est d'ailleurs celle d'une Victoire ailée.

Son profil au nez droit rappelle lui aussi la statuaire classique grecque. Ce profil ancré dans l'héritage classique l'éloigne donc des autres visages du tableau, elle est ainsi unique parmi le peuple en marche. Cependant, des détails la rapproche du peuple : son aisselle d'abord, dont on aperçoit la pilosité, ce qui a d'ailleurs choqué les critiques de l'époque.

Le second détail a toute son importante : la Liberté tient dans la main gauche un fusil à baïonnette d'infanterie, de 1816, ce qui la rend résolument moderne et inclue dans le combat, véritable meneuse. La femme du peuple est ainsi devenue allégorie de la République.

2. Le Gavroche parisien

L’œuvre à la Loupe : La liberté guidant le peuple de Delacroix
Eugène Delacroix, La liberté guidant le peuple (1830) - détail

Aux côtés de la Liberté, se trouve le second personnage le plus connu de la composition. Il s'agit d'un jeune garçon, sorte de titi parisien avant l'heure, portant un béret de velours noir (le faluche) qui est celui des étudiants. Il est donc le symbole de la révolte de la jeunesse. Il est totalement porté par l'action. Contrairement aux autres personnages, il ne regarde pas la femme à ses côtés mais tient le même rôle qu'elle, exhortant ses compagnons au combat, figé dans un cri.

Il porte une giberne (sac dans lequel les soldats conservent leurs munitions) en bandoulière et est armé de deux pistolets de cavalerie. Ce garçon deviendra le Gavroche de Victor Hugo dans son roman chef d’œuvre "Les Misérables".

Derrière lui, l'arrière-plan situe bien le combat à Paris. On aperçoit, dans la brume et les fumées du combat, les deux tours de Notre-Dame, discrètement surmontée d'un drapeau français. Il est à noter que l'orientation de ces tours, sur la rive de gauche de la Seine, est inexacte, de même que la présence d'immeubles à cet endroit.

3. Le bourgeois et l'ouvrier

L’œuvre à la Loupe : La liberté guidant le peuple de Delacroix
Eugène Delacroix, La liberté guidant le peuple (1830) - détail

Les deux combattants les plus visibles du tableau se trouvent à gauche, et suivent manifestement l'assaut lancé par la Liberté, s'apprêtant à franchir la barricade. Le personnage de droite est étonnant puisqu'il est à première vue un bourgeois : il porte un haut de forme et une redingote noirs.

Cependant, il est aussi vêtu d'un pantalon large et d'une ceinture rouge, les marques de l'artisan. L'arme qu'il tient est un tromblon de chasse, ce qui l'ancre dans le monde bourgeois. Certains y ont reconnu un autoportrait de Delacroix...

À ses côtés se tient un ouvrier manufacturier, reconnaissable grâce à son tablier et son pantalon "à pont". Il est coiffé d'un béret à cocarde blanche (symbole des monarchistes) et à nœud de ruban rouge (pour les libéraux). Il est armé d'un sabre appartenant aux compagnies d'élite d'infanterie. Le foulard rouge et bleu qui retient son pistolet à sa taille, évoque le Mouchoir de Cholet, le signe de ralliement des vendéens.

4. La mort représentée

L’œuvre à la Loupe : La liberté guidant le peuple de Delacroix
Eugène Delacroix, La liberté guidant le peuple (1830) - détail

Enfin, au bas de la composition, les cadavres de soldats morts au combat gisent à même le sol. Il ne s'agit non pas de soldats glorifiés, morts pour leur patrie, mais bien d'homme vaincus. En témoigne le corps du soldat de gauche, à moitié dénudé, et donc privé de son honneur, jambes nues. Le sang est bien présent, témoignage de la violence des affrontement. En effet, les émeutes auront fait en 3 jours, 200 morts chez les soldats, et près de 800 chez les insurgés.

Ce corps allongé n'est par ailleurs pas sans rappeler d'autres figures. D'abord celle d'une figure d'académie, celle du personnage antique d'Hector, tué par Achille. Elle rappelle également beaucoup un des corps représenté dans le "Radeau de la Méduse" de Théodore Géricault (1818-19), lui aussi grand peintre romantique. Les compositions en pyramide des deux tableaux sont d'ailleurs très similaires.

Enfin, ce corps dénudé est volontairement éclairé dans la toile, de même que la figure de la Liberté, plaçant ainsi en opposition la mort, la défaite, avec la vitalité et la victoire de la femme au drapeau, et ainsi du peuple.

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