Très tôt dans la vie de Bénédicte Gelé, le cheval est omniprésent sans pour autant être une évidence. Sans hérédité équestre, elle naît en 1975 et vit en banlieue parisienne, l’animal reste plat sur les magazines ou loin au fond d’un pré. Pourtant, une fascination, une attirance inexplicable poussent Bénédicte Gelé à multiplier et forcer les rencontres avec l’animal. Après un Bac Arts appliqués et un BTS Communication visuelle, elle devient graphiste puis directrice artistique, tombe amoureuse d’une petite jument vive et maline et dessine logiquement des chevaux. En 2004, son parcours équestre et professionnel semble se fondre, s’imbriquer l’un dans l’autre, indissociable, dont la clef de voûte est le cheval. Benedicte Gelé est attirée autant par l’animal que par le trait. Chez l’un, ce corps vivant, mouvant, derrière ses formes rondes la renvoie au travail du nu de ses années scolaires. Un corps dans sa plus simple expression, brut, comme le trait du crayon, base de l’artiste, gris ou noir, pure et fort.
« Je ne peins pas pour le mythe de l’animal ou ces légendes, sa force ou sa puissance, que je respecte et ne renie pas. Non, je crois que je peins du charnel, du sensuel, une vague d’émotion primaire que le corps renvoi. Ça aurait pu être un homme ou une femme mais le cheval a ce côté plus animal, plus brut dans ces attitudes que l’humain qui a tendance à trop intellectualiser, une présence forte par sa masse naturelle, captivante. »