Interrogeant la notion de ligne, le travail de Sophie Jaffro combine l'utilisation d'un geste automatique, instinctif, et la maîtrise du tracé. A l'origine, comme pour se débarrasser de toutes contraintes, de tout bagage culturel, c'est par l'abstraction qu'elle a pu se créer un répertoire de formes simples : ces lignes, qu'elle s'est mise à réapprivoiser progressivement. La ligne dessinée est considérée comme un matériau élémentaire, neutre, dont elle exploite les possibilités, chacun des travaux étant une interrogation sur ce qui peut apparaître. En imposant de nouveau sa volonté dans le dessin, elle aborde également des questions liées au rôle du dessinateur, qui correspond à une reprise de contrôle entrant en dialogue avec l'automatisme et la place laissée au hasard et à l'accidentel.
Dans la figuration qu'elle aborde également, Sophie Jaffro utilise la ligne au delà d'être un moyen de représenter. Là aussi, elle questionne la manière dont le vivant oscille entre chaos et organisation, s'inspirant et tentant de retranscrire ces "lois naturelles" qui régissent l'organique.