Faire des taches, rebelles, forcément, improviser sur la peinture humide, patauger, s’enliser, déraper dans les virages, essayer l’inutile, libérer la main gauche, échapper à la vigilance des adultes, chercher l’invisible, sans en avoir l’air, rêver de couleurs impossibles, peindre le temps qui passe, tromper les apparences, voyager sans billet, en solitaire, se passer des mots, perdre conscience, descendre avant l’arrêt complet, chercher ce que je cherche. Ces prétextes sont tous plus importants les uns que les autres pour Marie-Hélène Carcanague.
Longtemps l'appareil photo a été son outil favori. Il lui a permis de découvrir, d'observer, de s'approcher. Au delà de la "réalité" que les yeux perçoivent, elle a aimé jouer avec le subjectif, construire une image, avec une émotion, une composition, des lignes, des zones d'ombre, une lumière. Mais au fil du temps, le tirage photographique lui a semblé froid, trop net, d'une surface trop lisse. La peinture (et les gestes qu'elle impose) l'a amenée à une écriture moins "parfaite", plus personnelle.
Inspirée par les traces et les marques du temps sur les rochers, l'écorce des arbres, la rouille, les vieux murs décrépits et maintes fois repeints, où apparaissent parfois mappemondes ou silhouettes, Marie-Hélène Carcanague représente des êtres humains, simples éléments du règne animal, des animaux qui ont des choses à dire : "je peins les désordres du monde, ou pour me consoler un univers de rêve et de fantaisie..."
Comme l'a dit Pierre Desproges : "Un jour j'irai vivre en Théorie, car en Théorie tout se passe bien".