Cette gravure a été réalisée grâce à la technique de l'eau forte sur plaque de cuivre et au burin. Elle fonctionne en diptyque avec "Sa Majesté des mouches I" mais peut aussi être exposée seule. Le papier mesure 20x30 mais la cuvette 15x20 cm. La mouche a toujours été présente au sein de l'histoire de l'art. C'est un modèle de choix pour le peintre car elle offre une texture et un degré de délicatesse qui lui donne l'occasion de manifester son habileté. De nombreuses peintures du Quattrocento montrent une mouche peinte avec virtuosité, que le spectateur cherche à chasser, confondu par la technique du peintre. Daniel Arasse, dans "Le détail", raconte "que Giotto, encore jeune et dans l’atelier de Cimabue, peignit un jour sur le nez d’une figure faite par Cimabue une mouche si vraie que le maître se remettant au travail tenta à plusieurs reprises de la chasser de la main ; il la crut vraie jusqu’au moment où il comprit son illusion. […] Au milieu du XVIᵉ siècle, la mouche était un motif pictural qui avait connu un bon succès entre la moitié du Quattrocento et le début du XVIᵉ siècle. On la retrouve en de nombreux exemplaires : qu’elle soit intégrée à la composition, peinte sur le rebord de l’image ou comme posée à même la surface du tableau, ou encore que ces dispositifs se combinent, la liste des mouches peintes est loin d’être close. » — Daniel Arasse, Le Détail. Pour une histoire rapprochée de la peinture – Ainsi, ce motif de la mouche m'intéresse par sa richesse plastique, mais aussi car il me permet de créer une œuvre dont la facture et l'iconographie s'opposent : cette gravure est à la fois délicate et trash, sensible et grossière... Les mouches grouillent au sein de la représentation, elles semblent s'agiter sous notre regard, alors qu'elles ont aussi fonction de vanité. Le trait se veut volubile, l'encre de gravure semble coller au regard. Il me semble qu'on les entend presque lorsque l'on contemple la gravure. Le vide, le plein, se répondent d'une gravure à l'autre. Le titre est emprunté au roman de William Golding, Lord of the Flies. Ce roman dépeint une vision bien sombre de la nature humaine et du contrat social, et j'avoue que ce motif de la mouche m'est apparu aussi comme une métaphore critique du monde actuel.