Dans l’art, le corps est le squelette de la peinture. Le corps est protéiforme, il peut adopter quantité de postures, d’attitudes. Depuis l’origine du monde il a inspiré et a été au centre des créations picturales des artistes. Je suis dans ce sillage des anciens. Le corps, perçu avec les yeux de mon époque, est toujours le point de départ de mes recherches plastiques. C’est par lui que nous appréhendons le monde l’univers. Il est l’écrin de notre âme. Je peins la vie. La chair. L’énergie qui émane des corps. Pas les standards, les corps parfaits, « aseptisés », stéréotypés, les images idéales des médias qui nous régissent et conditionnent notre jugement. Toutes sortes de corps. J’essaie de garder une liberté de pensée. Comme disait Picasso : « L’art n’est pas l’application à un canon de beauté, mais ce que l’instinct et le cerveau peuvent concevoir indépendamment du canon. » Au fil du temps je dépouille mon dessin du superflu. J’essaie d’aller à l’essentiel. Je m’applique à dégager les corps de leur gangue et d’en exprimer la quintessence. L’esquisse alors correspond le mieux à ma personnalité spontanée et rapide.
J’utilise de la pierre noire aquarelable et des techniques mixtes : pigments naturels, feuille d’or, bombe aérosol. Les supports sont la majeure partie des papiers recyclés (affiches publicitaires travaillées, déchirées « épluchées »). Le corps est au centre de mon travail alors il resurgit dans mes autres travaux, par exemple dans des scènes de plage. L’été je peins les baigneurs de la plage, leurs corps alanguis et allongés sur le sable ou flottant dans l’eau. J’explore aussi d’autres sujets : les portraits, oiseaux…toujours avec une certaine rapidité d’exécution pour exprimer la vie et garder de la légèreté.