Régine Thill explore la représentation du corps féminin. Ses peintures sont de plus en plus souvent des autoportraits et leur évolution est éminemment autobiographique. Elles interrogent les contradictions qui entourent l'image de la femme aujourd'hui (et principalement la sienne), tiraillée entre féminisme ou néo-féminisme et affirmation, exhibition de la féminité.
Elle représente des corps de femmes nues le plus souvent ou arborant certains attributs féminins ; ces corps se fondent l'un dans l'autre, se mêlent, se conjuguent, s'interpénètrent, se juxtaposent, se superposent, se télescopent, s'empilent...Ces images de corps sont issues de sources multiples : la presse féminine, voire masculine, Instagram (véritable vivier), chez les grands maîtres parfois, Rembrandt, Rubens, Titien, Michel -ange..... Elle les dessine, les re-dessine, les fragmente, les distords puis les combine de multiples façons pour former des entrelacs de femmes. Ces pêle-mêles de corps peuvent apparaître comme des scènes d'orgies, mais sont en fait des « paysages de chair ». Ils évoquent des corps se débattant dans un « entre-deux » , oscillant entre le désir d'assumer leur singularité, de revendiquer leurs imperfections, leurs défauts, leurs blessures, leurs souffrances et la soumission aux injonctions de la société à la perfection, à des critères de beauté inatteignables.
Les peintures de Régine Thill mêlent le « nu » et la « nudité » (1) : la « nudité » associée à l'embarras, la gêne ressentie par le corps démuni de ses vêtements, fragile, sans défense et le « nu » évoquant l'assurance, le corps épanoui, triomphant, équilibré, dominant, fier. Chaque peinture est comme comme une tresse ou un tissage : plusieurs « brins » passant tantôt dessus, tantôt dessous et qui questionnent dans leur points d'intersection, les contradictions et l’ambiguïté de l'image du corps féminin.
(1) : Elle emprunte la distinction entre les deux termes à l'historien de l'art Kenneth Clark.