« La révolution qu’implique la préoccupation écologique, nous incite à voir cette nature, non plus comme source d’inspiration mais de réflexion sur l’impact des activités humaines sur le vivant. L’esthétique accompagne le changement culturel en cours : celui de l’écologie » Loïc Fiel
" Ne plus regarder la nature comme source du beau, mais comme interrogation sur son passé et son devenir., « ces réserves de couleurs » sont autant de rappels que plus rien ne nous échappe. J’ai envie de déranger le regardant par ces « apparitions de couleurs» au milieu de ce formalisme et que l’on se pause la question du « pourquoi ». Traiter en tant qu’urbain ce sentiment d’étrangeté. Ce contraste entre lenteur et frénésie, cette obligation de tout ralentir. Cette urbanisation qui ne nous laisse aucun répit.
Réaliser mes tableaux en atelier est un moyen d’éviter la réalité, puisque ce qui se trouve « dehors » est différent de ma peinture. Le paysage me permet de contempler de loin tous les lieux sur lesquels, je pourrais m’ancrer. Dehors, je serais distraite par cette réalité. je peux vivre et me déplacer dans un lieu, je ne peux marcher dans un paysage. Le lieu est ce qui ancre dans l’espace, un paysage suppose un déplacement hors du lieu pour mieux se détacher du réel.
Dans ma peinture, les lieux sont parfois sans lieux, et font naître un sentiment d’inquiétante étrangeté qui touche précisément à la question du chez moi. Dans ces paysages, il y est aussi question d’exil. J’ai une fascination pour Peter Doig et sa capacité à parler de l’exil. Mon histoire personnelle me pousse à peindre ces « premiers paysages », ces grands champs. Une certaine nostalgie du monde perdu, une esthétique de la mélancolie. Ce contraste entre deux terres, deux histoires. Ce n’est pas seulement de la peinture paysagée mais une recherche d’atmosphère, d’interrogation. Sous bien des aspects, les lieux que je choisis sont ordinaires avec une tranquillité déconcertante. C’est juste un constat. Je me sers de photographie pour déclencher mon processus de créations. La photographie permet des procédés de montages entre deux éléments parfois hétérogènes. Ce qui peut donner parfois au spectateur, l’impression d’un instantané truqué. Mais aussi de gravures, car avec la gravure on peut expérimenter différentes traces tout en gardant certaines étapes. " Leïla Gaillard