Peintures à l’huile sur toile, au pinceau n.4 et 6.Couleur Bleu outremer
Partant de l’idée que « ce que nous faisons est filtré par ce que nous sommes chacun », Chris Pillot aborde la notion de temps à travers des images intuitives construites par l’espace. Sa démarche, improvisée mais minutieuse, se déroule avec maitrise et savoir-faire.
A main levée Chris Pillot trace une ligne horizontale sur une toile peinte en blanc. Le geste est rigoureux : la pression de la main sur le pinceau ne doit pas faire varier la largeur du trait. Autour de cette ligne posée, apparaît l’espace blanc qui devient acteur par lui-même. La toile qui, avant ce trait était comme vide, prend un sens nouveau. Une nouvelle ligne succède à la précédente, resserrant ou écartant subtilement la ligne blanche naissante. L’espace blanc se structure différemment en fonction d’une évolution instantanée: c’est un véritable mécanisme qui se met en place. Les lignes, avancent avec régularité, se juxtaposent les unes aux autres. Elles se condensent à certains endroits, sans jamais vraiment se toucher.
En naissent des zones de relief. Ces sortes de vibrations, créées par un total hasard, rythment l’oeuvre. Le mouvement est varié et spontané, la direction des lignes changeant en fonction du ressenti de l’artiste une fois le pinceau en main et la couleur utilisée.
Au cours de la création, Chris Pillot ne travaille que sur une petite partie visible de la toile. Ce n’est qu’à la fin, en déroulant la toile dans son intégralité, que l’oeuvre dans son ensemble s’impose. « Il en résulte alors ce que chacun, avec sa propre histoire et son propre regard sur les choses, veut y voir. C’est comme un ensemble d’ondes créant des références à ce que l’on connait, à ce qui existe dans le concret et même à ce qui est comparé à de la matière », explique-t-elle.
De l’abstrait, nait quelque chose d’à la fois solide et mouvant. Les lignes bougent dans le temps et se matérialisent comme la structure des choses. Tout ce qui est invisible finit par construire une unité solide.
« Now Is Gone » s’inscrit dans la continuité de « Weavings », où l’artiste exploite déjà la création d’un mouvement constant, l’accumulation des lignes formant une sorte de tissage. Le spectateur se trouve face à un organisme en évolution permanente.