Depuis une dizaine d'années maintenant,Georges Dumas crée des "paintographies", mélange de peinture et de photographie. De la photographie, il conserve la prise de vue initiale, base indispensable, incontournable, de l'œuvre à venir. Il en conserve également, malgré toutes les manipulations successives effectuées ensuite sur l'ordinateur, la précision, la finesse et la qualité plastique qui la distinguent à coup sûr de la peinture autre qu'hyperréaliste. Pourtant, une paintography n'est pas une photographie, il s'agit d'une construction plasticienne qui fait douter le regard, qui pose la question de la nature de l'image qui est offerte aux yeux des spectateurs. Quelle part de l'œuvre a été captée par l’objectif, quelle part recréée par le travail logiciel?
Calques, couches, empilements : malgré son extrême lisibilité, une paintography est une construction complexe, fondée sur une succession d’écrans. L'étoffe ou la peau n'apparaissent jamais à nu, elles sont toujours couvertes par une matière qui fait autant écran que corps avec elles. Cette matière est elle-même occultée par des carrés qui semblent soit se détacher d’elle, soit se creuser en elle ; en évoquant les pixels à la base de toute image numérique, ces carrés rappellent que cette matière est un leurre, qu’elle est virtuelle…