Silencieuse, j'ai grandi entre les murs de l'atelier de mon père, laqueur. J'en garde l'odeur de l'enduit tiède, la lumière soyeuse sur la laque, la découverte d'une culture ancestrale. Quand on entreprend un laque, on s'embarque pour un voyage, un espace temps suspendu. Dans les couches de laque superposées, j'aime insérer différentes matières, minérales, textiles ou métalliques, voir apparaître le blanc par l'intermédiaire de la gravure ou de la coquille d'œuf, dans des œuvres contemporaines sur bois exposées en France, au Japon, en Allemagne, en Suisse, en Belgique. Je la travaille aussi sur d'autres supports, métal, plexiglas, jusque dans la fibre végétale du papier, avec une prédilection pour celui du Népal, de Chine, du Japon. La laque imprègne, colore de façon différente selon sa fluidité et la porosité du support. Elle peut être dans mes œuvres recouverte partiellement ou totalement de feuilles de métal quand elle est "amoureuse", devenant un excellent médium pour leur application. Il faut avoir le geste vif, rapide pour mordre avec l'acide la feuille d'argent qui prendra une variation de couleurs mordorées, jamais semblable, toujours unique. Entrer chaque jour dans l'atelier, la création comme méditation, garder en mémoire l'origine du chemin pour aller découvrir d'autres voies. "Le calme permet de trouver son destin", Lao Zi