C’est à l’école des Beaux-Arts de Toulon qu'Isabelle Becker a découvert et finalement adopté (entre autres) ce matériau qu’est l’argile grâce aux enseignants Odile Rosso et Henri Comby. Elle vit à La Valette du Var depuis juin 2018.
Dans sa démarche artistique, au départ il y a un café́ pris dans un bar dont elle versait le reste sur une page de son carnet. Cette tache de café, fait naître un geste et devient un dessin sorti de son imagination. À cet instant elle ne fut plus dépendante du réel et d’un éventuel "sujet à dessiner"; cette tache sur sa feuille lui évitait "l’angoisse de la page blanche".
Elle a poursuivi ce travail dans son atelier où sur des supports plus grands, après observation, les formats se couvrent de visages, personnages qui n’ont en commun que le fait d’occuper une même surface. Toutes ces créatures se retrouvent confinées dans une sorte de chaos n’ayant ni bas, ni haut parfois. Ils sont expressifs, amusants, inquiétants selon ce qui lui passe par la tête.
Elle a cette obsession de la figure humaine, cette partie du corps l’intrigue, la questionne; elle recherche ce qui peut bien se cacher derrière ce masque mobile, changeant parfois trompeur. Elle avoue ressentir une sorte de fascination pour les "êtres". Et elle ressent ce besoin de projeter sur une figure inconnue ses obsessions, pensées, angoisses, interrogations existentielles. Ses "modèles involontaires" sont rarement beaux au sens esthétique mais souvent ce sont des "gueules", des vraies, des anonymes, badauds, passants.
Au départ, elle utilise la technique du "dripping" (laisser goutter la couleur) pour le fond, ensuite elle effectue des projections, coulures et taches sur le support (papier marouflé sur bois ou toile, toile, etc). Le point de départ est une "abstraction gestuelle" qui devient support à son expression graphique figurative rendue à l'aide d'un Rotring (encre de Chine). Les matériaux utilisés pour faire ces taches et ces "traces" sont des encres, des teintures, ou des empreintes anthropométriques.
Ces réalisations sont présentées entourées d’un cadre noir en bois et le dessin est contrecollé sur un support rigide.
Concernant les sculptures en terre cuite qu'elle appelle "Terracotta", elle modèle ses œuvres sculptées directement dans un bloc d’argile ou de grès en privilégiant la technique dite du "fil à couper le beurre" pour conserver un aspect brut et massif. Là encore c’est l’attitude et l’expression du corps qui l’inspirent.
Les pièces sont cuites (biscuitage) une première fois, puis émaillées partiellement. Un deuxième passage dans le four va permettre de fixer l’émail ou les engobes. Ainsi la surface du volume réalisé obtiendra un aspect plus ou moins brillant (céramique).