Florent Chretien 8 est un artiste atypique, qui a la capacité de traiter des sujets sensibles avec une certaine légèreté. Dans ses photographies, il évoque aussi bien l'urbanisation décadente, la religion, l'intimité, ou encore les questions du genre. Il évoque ces thématiques avec une certaine fraicheur et sa poésie toute particulière.
Sociologue de formation, Florent Chretien 8 a étudié les normes corporelles et le rapport au corps de nos sociétés avec un regard acéré et critique. Également formé en photographie dans le milieu de la danse, il a rapidement relié la sociologie et la photographie en utilisant l’image comme support pour ses recherches. Pour lui, l'image permet une lecture plus rapide, plus incisive d'un sujet.
Grand sportif, son propre corps est naturellement devenu le sujet de ses performances photographiques, comme dans les série « OTR128 » et « 5ML », présentée ici sur Kazoart, qui ne comportent aucun trucages.
Son nom de famille « Chrétien » et sa ressemblance avec le Christ, l’ont ensuite amené à jouer avec la symbolique religieuse. Dans la série « Corpus Dei » (non encore présentée ici), il incarne le corps de Dieu, pour faire le lien entre le réel et la croyance.
Sa démarche, entre provocation et recherche en sciences humaines, n’a pas fini de nous étonner. Comme il le dit lui-même : "Je cherche à répondre à la question qui devrait intéresser tout le monde : peut-on devenir Dieu ? Je vous tiendrai au courant ! »
Par son travail, il fait ressortir deux conflits « corps/espace » et « corps/croyance ».
Corps/espace : définit la place de l’homme dans l’environnement, dans la ville, questionne la confrontation du corps individuel à des univers entièrement structurés par nos sociétés.
Corps/croyance : interpelle nos limites en créant un regard subjectif sur l’histoire de nos sociétés, en questionnant la part du réel et de l’irréel et notre capacité à adhérer à certaines croyances.
Régulièrement invité à exposer ses oeuvres ou à participer à des projets collectifs, son travail ne cesse de se réinventer.
Laure-Hélène Delprat
Editions du Seuil