Thalie B. Vernet porte un beau nom qu’elle tient du temps des règnes de Louis VII et Philippe Auguste. Issue de la noblesse d’armes, la jeune Thalie ne se destine pour autant pas à leur maniement et entre très tôt dans les arts, comme on entre en religion. La musique, la littérature et l’art équestre deviennent son quotidien et l’entraînent sur la voie de la poésie et d’une rêverie qui ne l’ont jamais quittée depuis.
Devenue jeune femme, Thalie B. Vernet part s’installer quelques années en Argentine. Il y a bien longtemps que ses photographies ne traduisent plus le quotidien immédiatement visible mais révèlent ce qui se trouve au-dessous de la surface. Elle ne photographie plus les animaux que pour capturer les moments de bonheur passés en leur compagnie et fixe désormais dans son objectif l’animal le plus prévisible et le plus imprévisible qu’est l’être humain. Chacune de ses photographies raconte une histoire, comme un échantillon de sa vie écoulée, de ses journées qu’elle présente pudiquement au regard des autres. Elle traite ses photographies comme des peintures en les retravaillant sans cesse jusqu’à obtenir l’émotion la plus pure à ses yeux.
Parce que le photographe se dévoile autant que son modèle, Thalie B. Vernet ne peut réaliser le portrait de parfaits inconnus. Une alchimie, partager des rires, des émotions lui sont nécessaires. Elle dit souvent en riant qu’elle ne pourrait pas monter à cheval si elle n’était pas maquillée et pout autant joue du côté masculin que lui confèrent ses cheveux portés très courts pour s’imposer dans un monde souvent fait d’hommes.
Dans cette démarche, elle laisse entièrement libre cours à son côté sombre ou à ses colères et aime de fait travailler des sujets de société comme la discrimination à l‘encontre de l’homosexualité ou le silence toujours trop pesant quand il s’agit des violences faites aux femmes, deux sujets qui lui tiennent à cœur. Ni militante ni donneuse de leçons, Thalie B. Vernet crée des images silencieuses qui au second regard laissent échapper des hurlements étouffés au-dessous de la surface lisse de ses tirages photographiques. Et parce qu’elle est une femme très joyeuse, elle sait également capturer le bonheur simple et sans aspérité et lui donne une profondeur qui l’élève loin de toute la superficialité ou l’inconséquence auxquelles sont parfois associés les gens simplement heureux.