La « chambre photographique » est souvent centrale dans le processus de création de Yann Viguier qui a choisi de restreindre volontairement son usage des technologies numériques au strict nécessaire.
La prise de vue est l'étape essentielle à ses yeux. Il peut passer des semaines entières à expérimenter les lumières, les matériaux, les dispositifs plasticiens éphémères capables de faire naître ce qui est au cœur de son travail : des poèmes photographiques abstraits.
Yann Viguier est fasciné par la photographie depuis son enfance. Avec le Nikon F de son père, il réalise ses premiers clichés. Il anime le club photo de son lycée, s'initie au tirage argentique et participe à quelques expositions amateurs. Plus tard, il fréquente artistes peintres et photographes et se passionne pour la photographie de studio. La galerie d'art contemporain Espace Cube découvre ses images « abstraites » en 2018 et décide de défendre son travail.
Il collabore depuis lors avec l'artiste peintre plasticienne et chorégraphe Masha Sborowsky, devenue sa compagne, avec qui il vient de co-signer une série de photographies plasticiennes où se confrontent matières picturales et photographiques.
Pour Yann Viguier, la photographie pure n'a pas fini de nous parler. Il situe sa pratique artistique à la suite des écrits de Georges Didi-Huberman et, dans un autre domaine, de Philippe Descola.
A la recherche d'évocations nouvelles, sur le fil étroit de l'abstraction, ses photographies donnent à voir des chaos de lumière évoquant la marche sombre de l'histoire, des mondes hybrides composés d'artefacts et d'éléments naturels, des segments signes issus de formes premières. Elles suggèrent des paysages imaginaires, tels peut-être ces lagons aux couleurs d'Océan pacifique où il a passé une partie de son enfance.
« Une photographie, tout comme une peinture, n'est pas une déco. Elle doit pouvoir nous parler et nous émouvoir pendant des années », affirme l'artiste.