Mi-figuratif, mi-abstrait, son art voyage entre les deux. Dans les courbes et les déliés naissent des visages, des corps, des sensations, des mouvements, des rythmes. Dans ce ballet de sensations, parfois des créatures mythologiques émergent, convoquant allégories et souvenirs, invitant le spectateur à entrer dans la danse.
Créer des formes vivantes, en quête d’harmonie
Lorsque Laure Polin sculpte, elle perçoit l’espace dont ses œuvres devront prendre possession. Elle ne façonne pas ses œuvres de l’extérieur, comme une pierre peut être attaquée par le burin, mais au contraire elle les façonne au creux même de leur intimité.
Elle ne perçoit pas de différence entre une forme abstraite ou une forme figurative. Qu'elle réalise un buste, ou une sculpture abstraite inspirée d’un modèle intérieur, Laure Polin cherche simplement à créer des formes vivantes.
Une forme vivante est une forme en pulsion, pleine, ténue, qui noue un rapport sonore avec une autre forme. Une sculpture est un ensemble de volumes qui se font écho et s’entendent mutuellement. De cette entente doit naître l’harmonie. Sa sculpture appartient au domaine de la découverte. Lorsqu’elle sculpte, elle ne cherche pas à reproduire une forme préétablie mais construit une forme qui illustre le sentiment qu'elle porte.
Un cheminement plastique intuitif
Au commencement, c’est l’indécision : le champ ouvert de tant de possibles. L’indécision mène à la recherche : Laure Polin cherche une trace, une empreinte, un repère, une mémoire dans la matière, un indice… Elle taille, ponce, bouscule la matière. Alors quelque chose survient : un détail infime parfois, comme un écho ou au contraire comme un appel. Elle reconnaît un œil, un dos, une vertèbre, l’esquisse d’une ossature, d’une construction, d’un mouvement…
En réalité, Laure Polin reconnaît le début d’une âme (de son âme ?), le début d’une structure, le début d’une œuvre. Alors la sculpture prend une forme. Celle qu'elle portait à son insu ? celle qui était enfouie dans la matière ? Peu importe, ce sera celle qui émerge de toutes ses sensations de l’instant présent.