
Ralau
Énergique & électrique
Particulièrement sensible au monde qui l’entoure, l’artiste Ralau dévoile un large spectre émotionnel sur ses toiles. Un son, une image, une rencontre nourrissent son inspiration avant de se muer en de vibrantes et percutantes couleurs.
Bonjour Ralau. Merci de nous accorder cette interview ! Et si l’on commençait par vos débuts ?
La peinture est réellement entrée dans ma vie il y a 10 ans. L’art brut a été le premier courant à m’emporter. Une multitude de nuances et de formes naïves envahissaient mes toiles à cette époque.

La couleur avait déjà une place prépondérante dans mon travail, tantôt au travers de créations abstraites, tantôt au travers d’univers imaginaires. La dimension onirique s’est présentée dès le début dans mon travail.
Puis un jour, mon style actuel s’est révélé à moi, et aussi surprenant que cela soit, ce n’est pas sur une toile que nous avons fait connaissance. Avec le recul, cela annonçait déjà l’essence même et le caractère des peintures à venir, qui se veulent vibrantes, dynamiques, presque autonomes.

C’est finalement sur les murs de ma chambre, puis de mon salon, que les traits ont émané de ma main, le pinceau devenant un prolongement de mon bras. Je me suis laissé volontiers submerger par ces traits impulsifs qui campaient dans mon esprit.
Vous recourez à différents supports pour exprimer votre créativité et libérer votre énergie. Comment les choisissez-vous ?
Appartenant à la génération Y, je suis très marquée par la culture populaire des années 80/90, dont l’influence est omniprésente dans mon travail.
Les supports que je choisis sont une réponse miroir à cette source d’inspiration, et s’inscrivent eux-mêmes dans ce mouvement.
Figurine rose
Technique mixte (11 x 17 cm)
K. Quels sont les artistes, et en particulier les femmes artistes, qui vous ont le plus inspirée et vous inspirent encore ?
Mes sources d’inspiration artistiques principales ne s’inscrivent finalement pas dans les arts graphiques.
La musique accompagne toujours mon processus créatif, et dans cette discipline les artistes Lisa Gerrard, Chelsea Wolf, Rachel Goswell ont très souvent accompagné la création de mes œuvres.
Je tiens également à citer la performeuse Marina Abramovic et la photographe Chloé Rosser m’ont également beaucoup marquée.
Electronic-supersonic
Peinture acrylique (146 x 114 cm)
K. Considérez-vous qu’être une femme artiste aujourd’hui soit une chance, un frein ?
Je pense que c’est une chance de peindre en tant que femme à l’époque actuelle pour poursuivre le travail des féministes amorcé il y a des décennies, voire des siècles.
C’est beaucoup plus facile aujourd’hui d’être une femme artiste, pourtant rien n’est gagné, et le travail de mes confrères masculins peut être encore de nos jours mieux accueilli ou considéré comme plus sérieux que celui d’une femme.
Music life
Peinture acrylique (97 x 130 cm)
Je souhaite cependant que mon travail soit apprécié au-delà de mon genre. Pour l’anecdote, cela me fait sourire de savoir que le public qui ne me connaît pas associe souvent mon travail à celui d’un homme.
K. Parmi les œuvres que vous présentez lors de notre vente « Women on the Rise », laquelle vous tient le plus à cœur ?
C’est la toile « Be happy and shut up » qui me vient spontanément à l’esprit. Elle cristallise des réflexions qui m’ont souvent traversée. On peut y voir une maison, une voiture, un jardin…
Be happy and shut up
Peinture acrylique (89 x 116 cm)
Finalement l’aspiration de la plupart d’entre nous, comme un but en soi qui signerait une réussite sociale. Je me suis moi-même souvent sentie en décalage avec des proches à ce propos.
Ces objectifs sont-ils de vrais projets personnels, ou sont-ils induits par une société normative ? Cette toile n’est en aucun cas un jugement, mais aspire vraiment à s’interroger et à interroger sur l’épanouissement personnel et ses projets de vie.