KAZoART
KAZoART devient Rise Art, achetez de l'art contemporain trié sur le volet par des experts. Plus d'infos
Partager

Artistes

Rodolphe Martinez : pour une liberté de créer

Photographie, peinture, vidéo, design : autant d’orientations artistiques qui guident Rodolphe Martinez depuis plus de 10 ans. Aussi présentateur d’émissions chez Radio France, il se situe au carrefour de multiples techniques numériques et traditionnelles. Il interroge la relation équivoque entre la peinture et la photographie. Rencontre.

Par Cécile Martet | 17 août 2023
Rodolphe Martinez : pour une liberté de créer
Portrait de Rodolphe Martinez / ©Rodolphe Martinez

Bonjour Rodolphe, nous sommes ravis de faire plus ample connaissance avec vous ! Commençons par votre parcours : à quel moment avez-vous décidé de devenir artiste ?

Pour mon cas, c’est un processus assez long avec des illuminations dans l’enfance, la fréquentation des œuvres d’art, les voyages, la littérature et une influence familiale. Je sentais confusément l’envie de m’exprimer, de partager, de montrer mais la question d’être artiste ne se posait pas. Je ne concentrais pas à l’époque mon énergie vers un seul but et j’avais l’impression d’avoir autour de moi des êtres plus doués que moi et dont j’admire encore le travail.  

Rodolphe Martinez : pour une liberté de créer
Dans l'atelier de Rodolphe Martinez / ©Rodolphe Martinez

Cela dit, j’ai toujours créé d’une manière ou d’une autre (émissions, livres, collaborations diverses, marque de vêtement). L'envie de montrer un travail personnel est venue sur le tard à la faveur de la légitimité que les autres m’ont donnée, par le biais des premières commandes notamment. Et sans oublier cet ami proche à qui je dois ma première exposition en 2008-2009. Je crois que c’est à ce moment-là que j’ai compris que mon univers pouvait émouvoir.

Votre travail est riche d'une production hybride : photographie, peinture, vidéo, design. Cette diversité de production est-elle une façon de se sentir plus libre dans la création ?

En fait, la liberté est la plus haute valeur. J’ai beaucoup de mal avec les laisses dont je ne choisis pas la longueur. Pour devenir soi-même, il faut expérimenter, se tromper, raturer et sur ce chemin, il y a des révélations. Nous sommes multiples, mais l’éducation, les contraintes sociales ou marchandes nous obligent à n’avoir qu’un seul langage, qu’une seule et même pratique ou pensée de l’enfance à la mort.

Rodolphe Martinez : pour une liberté de créer
Rodolphe Martinez, Vue d'Ajaccio (technique mixte, 150 x 100 cm)

Mes pratiques correspondent aussi à des époques de ma vie artistique qui est en perpétuelle évolution. Je considère que c’est une chance de pouvoir passer de la photographie à la peinture, puis la sculpture ou d’autres médiums et supports. Tant que je peux être libre, autant en profiter.

La question de la cohérence est une question qui a du sens au regard de la globalité d’une production. Je me souviens d’un galeriste qui me demandait de concentrer mon travail sur un mode d’expression car « c’est ce que les acheteurs voulaient ». Une façon de dire que les collectionneurs n’achètent que par validation sociale. Pour ce qui me concerne tout du moins, c’est une erreur. 

Quelles sont vos sources principales d'inspiration ?

Mes sources d’inspiration sont un univers intérieur fait de poésie, d’émotions artistiques, de vibrations sensorielles, de contemplation, de mélancolie douce, et de réflexion sur le temps qui passe qui s’incarne en particulier dans la nature et les paysages. Mon travail est aussi une sédimentation de tout mon apprentissage artistique et un hommage aux artistes d’époques et de lieux différents.

Rodolphe Martinez : pour une liberté de créer
Rodolphe Martinez, Plage or - mare d'Oro (technique mixte, 150 x 100 cm)

Pour les thématiques, le paysage (marin en particulier) et la nature en général. La forêt parce que c’est assez obsessionnel (en particulier les pins et pins parasols). Mais aussi la danse, les détails, les natures mortes et certaines villes comme Venise, Rome ou Londres.

J’ai aussi beaucoup travaillé à une époque sur la représentation du Christ en croix et même réalisé la maquette d’un autel qui devait trouver sa place en l'église Saint-Pierre à Bordeaux. Et enfin, l’été est une source d’inspiration inépuisable.

Outre la mer et les forêts, la Femme est un sujet récurrent dans vos œuvres. Pouvez-vous nous en dire plus ?

C’est un sujet à la fois intemporel et en même temps très ancré dans une époque. Je crois que j’ai toujours été accompagné par les femmes et fasciné par cette altérité. Qu’il s’agisse des portraits ou des nus, je suis toujours très étonné car ce sont les femmes qui préfèrent ce travail. À notre époque, c’est un sujet qui devient délicat et peut provoquer des réactions négatives et des débats.

Rodolphe Martinez : pour une liberté de créer
Rodolphe Martinez, Le bal 2 Venise (technique mixte, 100 x 150 cm)

C’est un sujet infini qui ne traite pas que la question du corps ou de la sexualité mais qui est plus les questions de la liberté, de la puissance et de la représentation inconsciente et de la nécessaire égalité.

Y a-t-il un rapport entre le sujet traité et la couleur utilisée ? On pense par exemple à La forêt rose, Pins bleu paon, Venise bleue, Vendanges or...

La couleur est une donnée fondamentale de mon travail. Je me suis très vite affranchi de la question de l’utilisation de la couleur. Je l’utilise presque comme les enfants avant le formatage. La couleur, c’est à la fois très savant, symbolique, philosophique. Elle est très présente dans les titres de mes pièces sous des formes monochromatiques ou en confettis.

Rodolphe Martinez : pour une liberté de créer
Rodolphe Martinez, Plage or - Mare d'Oro (technique mixte, 150 x 100 cm)

La façon dont je l’utilise s’explique aussi par la myopie. Sans correction, le myope est plongé dans un univers aux formes mal définies avec des taches de couleurs. C’est une sensation assez merveilleuse que je tente de retranscrire d’où ces Forêt Rose ou Venise Bleue.

J’ai aussi en effet une série « Or ». L’or c’est une porte vers l’ailleurs, c’est le passage du temps et en même temps l’éternité parce que c’est une couleur inaltérable. Pour rendre la couleur, je vais aussi bien utiliser l’aquarelle, les pastels, l’acrylique, les crayons de couleurs, ou les calques numériques.

Vous êtes un adepte des grands formats. Est-ce une façon de permettre une meilleure compréhension ou appréciation de l'œuvre ?

Alors pas seulement. J’ai de nombreux petits formats aussi (carnets, ou formats A4, A3). Je me suis fixé de réaliser au moins un dessin ou peinture par jour et c’est bien sûr impossible en grand format. De plus le petit format, c’est l’intimité, il faut s’approcher. Mais en effet j’aime les grands formats parce que cela envahit l’espace, ça ne laisse pas beaucoup de place à l’erreur. Et c’est aussi se confronter à ses propres limites. Cela demande de l’énergie et de la persévérance.

Rodolphe Martinez : pour une liberté de créer
"Plage ancienne" de Rodolphe Martinez exposée sur les grilles du Parc Bordelais à l'été 2018

Pour les œuvres imprimées, c’est aussi assez spectaculaire. Mais sur cette question du format, j’ai compris l’idée de monumentalité avec Picasso et le tableau magnifique Femmes courant sur la plage. J’étais enfant lorsque je l’ai vu pour la première fois à Paris. Et j’ai été sidéré : Picasso avait réussi à mettre dans cette gouache de 32,5 × 41,1 cm, le ciel, la mer, l’ivresse, les nuages, le vent, la vie tout entière.

Œuvres d'art liées

Plus d'infos

 

 

 

 

 

 

 

 

Plus de

Paramètres régionaux

Français
EU (EUR)
France
Métrique (cm, kg)